<164> cinq gentilshommes bretons; le duc du Maine, le cardinal de Polignac et quelques autres seigneurs furent exilés. La Cour envoya des troupes en Bretagne; et lorsque le duc d'Ormond s'y présenta avec la flotte espagnole, personne ne remua. La constance du Régent ne fut jamais aussi ébranlée que par cet événement : quelques personnes ont prétendu qu'il méditait son abdication, mais qu'il fut retenu par la fermeté du cardinal du Bois, qui admirait les voies dont la Providence s'était servie dans cette affaire pour conserver la régence entre les mains du duc d'Orléans. L'Europe était comme une mer agitée qui gronde encore après l'orage, et ne se calme que successivement.
Les malheurs de Charles XII ne l'avaient point corrigé de ses passions : son ressentiment, qui le suivit en Suède, éclata contre le Danemark. Il attaqua la Norwége, ayant avec lui le prince héréditaire de Hesse, qui venait d'épouser sa sœur, la princesse Ulrique.a Il prit Christiania; mais, ne pouvant forcer la citadelle de Friedrichshall, et manquant de subsistances, il abandonna ses conquêtes.
L'appréhension des Russes l'avait retenu en Scanie; il fit cependant cette année une nouvelle irruption en Norwége : il assiégea Friedrichshall, et fut tué dans la tranchée. Cette valeur dont il était si prodigue, lui devint funeste : un coup de fauconneau, tiré d'une bicoque, termina la vie d'un prince qui faisait trembler le Nord, dont la valeur tenait de l'héroïsme, et qui aurait été le plus grand homme de son siècle, s'il avait été modéré et juste. La mort de ce prince fut le signal de l'armistice : les Suédois levèrent le siége de Friedrichshall; ils repassèrent leurs frontières, et les Danois ne les suivirent pas.
Avec Charles XII expirèrent ses projets de vengeance. Il était encore occupé des plus vastes desseins : animé contre le roi George d'Angleterre, qui lui avait enlevé les duchés de Brême et Verden,
a Ulrique-Éléonore.