12176. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au quartier de Proschwitz, 16 juin 1760.

Votre lettre du 14 de ce mois vient de m'être rendue. Il y a tant de casuel dans tout ce que vous pourrez entreprendre et faire par les différentes nouvelles que vous saurez recevoir des Russes, qu'il m'est impossible, dans la position où je me trouve, de vous donner de bons conseils là-dessus. Vous devez mieux savoir les endroits où l'ennemi doit avoir des magasins. Si l'ennemi laisse une bonne garnison à Thorn, je crois qu'il ne s'embarrassera guère de votre détachement de ce côté-là, parcequ'il sait bien qu'on ne prend de pareilles places sans de la grosse artillerie; et, pour vous le dire franchement, et de la façon dont je connais les Russes, je doute fort que vous parviendrez à quelque chose d'avantageux, à moins de vous résoudre de marcher sur un des corps dans lesquels ils se sont séparés. Je vous prie d'y bien penser et d'y faire vos réflexions.

Je me réfère à ma lettre d'hier428-1 où je vous ai écrit mon passage de l'Elbe à ce côté-ci. Par ma position présente je crois que ni Berlin, ni ce côté de la Marche ne soit plus exposé. Dès qu'il arrivera du changement ici, je ne manquerai pas de vous en avertir incessamment.

Schwerin gronde contre vous,428-2 j'ai encouru sa disgrâce de même; Lentulus et Krockow sont sur le point d'être disgraciés. Ainsi la gazette a entraîné une longue suite de malheurs après soi. J'espère pourtant qu'il consentira à faire sa paix avec vous et à me pardonner.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



428-1 Nr. 12170.

428-2 Vergl. Nr. 12131.