<112>Saxe, qui trahissait les Prussiens, et à l'armée, pour que l'imprudence ne le divulguât pas.

Afin d'en imposer également à tout le monde, on fit fortifier et palissader la ville de Dresde, pour la mettre en état de défense. Le Roi choisit en même temps un nombre de camps forts à l'entour de Dresde, comme s'il se préparait à faire une guerre défensive : ces camps furent marqués à Cotta, Maxen, Possendorf, au Windberg et à Mohorn. Les chasseurs saxons qu'on y employa, n'eurent rien de plus pressé que d'en avertir la cour, et la reine de Pologne ne manqua pas aussitôt d'en informer les généraux autrichiens. On ne s'en tint pas uniquement à ces fausses démonstrations, et pour endormir davantage les généraux ennemis, on fit quelques faibles incursions en Bohême, comme pour se venger par là des partis que les ennemis avaient, l'hiver, conduits en Lusace pour inquiéter les Prussiens. Dans cette intention, le prince Maurice fit une course vers Éger; le maréchal Keith entreprit à Schluckenau contre un détachement autrichien, qui ne l'attendit pas; le prince de Bevern surprit à Böhmisch-Friedland quatre cents fantassins et pandours, qui se rendirent prisonniers. Toutes ces petites entreprises entretinrent les Impériaux dans leur sécurité; ils se persuadèrent que le Roi se bornait à leur donner de petites alarmes, et ils ne le soupçonnèrent pas de plus grands desseins.

Les différents corps de l'armée prussienne se mirent en mouvement, les uns le 20, les autres le 21 d'avril. Le prince Maurice pénétra en Bohême par le Basberg, d'où il s'avança sur Kommotau. Le Roi se campa à Nollendorf; il poussa son avant-garde à Karbitz, d'où M. de Zastrow fut détaché avec sa brigade, pour occuper Aussig, et chasser les Autrichiens du château de Tetschen. Le lendemain l'armée se rendit à Linay, où le prince Maurice, qui venait de Brix, la joignit. Tous les quartiers autrichiens se replièrent en delà de l'Éger à l'approche des Prussiens; le château de Tetschen ne se rendit que le 27; M. de Zastrowa eut le malheur d'y être tué.

L'armée passa ensuite le Paschkopole, et traversant les plaines


a Bernard-Asmus de Zastrow, général-major et chef du régiment d'infanterie no 20, fut tué le 25 avril 1757.