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CHAPITRE II.

De la guerre et de la politique depuis 1746 jusqu'à 1756.

La paix de Dresde eut le destin de la plupart des traités qui se sont faits entre les souverains : elle suspendit les hostilités, sans déraciner les germes de discorde qui subsistaient entre l'Autriche et la Prusse. Quelque dissimulation qu'employât la cour de Vienne, elle avait le cœur trop ulcéré de la perte de la Silésie, pour que les effets de sa haine et de son animosité ne s'échappassent et ne se manifestassent pas, malgré les soins qu'elle employait pour les cacher, car la guerre entre ces deux puissances n'avait donc point été terminée proprement, mais elle avait changé de forme; et quoique les armées ne se combattissent plus en campagne, les Autrichiens continuaient les hostilités du fond de leur cabinet. L'intrigue, la ruse, la fraude, l'artifice étaient les armes dont ils se servaient pour brouiller les Prussiens avec toutes les cours de l'Europe, et leur susciter des ennemis, s'ils le pouvaient, jusques aux extrémités de notre globe : nous en rapporterons des témoignages suffisants dans cet ouvrage. Mais pour y mettre plus d'ordre et plus de clarté, nous parcourrons successivement les événements principaux qui arrivèrent dans les différentes cours de l'Europe; et comme après la paix de Dresde la guerre ne laissa pas de continuer entre la cour de Vienne et l'Angleterre d'une part, et la France et l'Espagne de l'autre, nous nous voyons