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VII. RÉPONSE DE SA MAJESTÉ LE ROI DE PRUSSE A LA LETTRE PRÉCÉDENTE DE M. DE VILLIERS.

Du quartier général de Bautzen, le 5 décembre 1745.



Monsieur,

Je ne sais qui, de moi ou des Saxons, vous sera le plus obligé du rétablissement de la paix. Le mal que je fais à mes voisins, se fait très à contre-cœur. Je suis forcé d'en venir à cette extrémité; mais je procure en même temps toutes les facilités qui dépendent de moi, au roi de Pologne pour sortir d'embarras.

Il sera donc nécessaire, pour mettre radicalement fin à cette funeste guerre, que le roi de Pologne expédie incessamment des pleins pouvoirs à un de ses ministres, pour lequel je vous envoie le passeport ci-joint.

J'ai expédié mes ordres à mon ministre du Cabinet, le comte de Podewils, pour se rendre incessamment ici; après quoi, l'on pourra dresser la convention convenablement; et, dès qu'elle sera ratifiée du roi de Pologne, je ferai cesser les hostilités, et j'évacuerai son pays, ses forteresses, etc.

Quant à l'article de la cessation des contributions et de l'indemnisation du dommage fait, les contributions ne peuvent cesser qu'après que le roi de Pologne aura ratifié les préliminaires dressés par nos ministres : et je peux aussi peu indemniser le roi de <200>Pologne des dommages de ses sujets, que lui et la reine de Hongrie m'indemniseront de ceux qu'ils m'ont faits et font encore actuellement en Silésie.

Vous me ferez plaisir, monsieur, d'accompagner le ministre saxon chargé des pleins pouvoirs de son maître. Cela me procurera la satisfaction de voir un homme que j'estime beaucoup, et qui, rempli des véritables sentiments qu'un ministre doit avoir, procure la paix et la tranquillité aux nations, en éteignant le flambeau de la Discorde et de la Guerre.

Je crois de plus que vous n'aurez point de temps à perdre, pour être muni de votre cour des pleins pouvoirs dont vous avez besoin pour la garantie de la Grande-Bretagne, et de faire que M. de Bestusheff et le ministre de Hollande agissent en conséquence.

Je regarde cette paix-ci comme la base de la pacification de l'Allemagne : ou la reine de Hongrie y accédera d'abord, ou elle ne tardera pas de le faire.

J'ai appris d'ailleurs avec douleur que le roi de Pologne a quitté sa capitale. C'est un affront qu'il fait à ma façon de penser : je l'ai toujours estimé personnellement, et dans le plus grand acharnement de la guerre on aurait respecté son caractère et sa famille. Vous pouvez assurer ce prince de la cordialité et de la sincérité de mes sentiments, et qu'il ne tiendra qu'à lui que désormais les deux cours vivent dans la plus étroite amitié. Je vous prie d'être assuré des sentiments d'estime avec lesquels etc.

Federic.