<5>les hauteurs, et surtout ces pentes douces qui forment une espèce de glacis naturel; leur feu est le plus meurtrier. Souvent ces douces pentes se trouvent dans des plaines, et il ne faut pas les négliger. Les bois, fortifiés de bons abatis, sont encore très-utiles. En général, l'avantage du poste consiste à ce qu'il oblige l'ennemi de se rompre pour venir à vous; soit que vous soyez derrière un ruisseau, ou derrière un abatis, c'est la même chose.

Les hauteurs, quand elles commandent à l'entour d'elles, ont un plus grand avantage, parce qu'elles privent l'ennemi de son canon, qui du bas en haut tire sans effet, parce qu'elles le privent de ses petites armes, dont il ne peut pas se servir s'il vous attaque, et parce qu'elles le privent de sa cavalerie, dont il ne peut faire aucun usage, et enfin, parce qu'elles obligent l'ennemi de se rompre en gravissant la hauteur, et c'est ce moment même où votre feu doit l'abîmer et combler sa confusion et sa déroute.

Celui qui assaillit doit faire, en revanche, attention à toutes les buttes de terre qui peuvent couvrir ses troupes qui attaquent contre le feu du poste; il ne doit négliger aucune hauteur susceptible d'y placer du canon; il doit tâcher d'entourer de feux croisés le point de l'armée ennemie qu'il attaque, autant que le terrain et les dispositions du corps posté le lui permettent, pour se procurer, si cela est possible, la supériorité du feu, bien soutenir ses attaques par son armée, qui leur sert de base, et, s'il y a moyen de diriger une de ses attaques à dos de l'ennemi, il ne doit pas négliger cet avantage, qui peut devenir décisif pour la victoire.

Comme cette matière demande un détail infini, on trouvera bon que, en exposant mon système, je le divise par articles, pour le traiter avec plus de méthode, quoique le plus brièvement que possible; et j'espère que mes généraux, s'étant bien imprimé ces principes, ne commettront désormais à la guerre aucune faute grossière. Ce serait la plus belle récompense de mon ouvrage.