<33>l'ennemi qui me poursuivait avec ardeur, et je m'en suis bien trouvé. J'ai embusqué quelques bataillons avec de la cavalerie derrière des bois; les hussards ennemis ont été bien battus, et depuis ils sont devenus si circonspects, qu'ils craignaient d'approcher de chaque bouquet de bois. C'était l'année 1758,a lorsque nous quittâmes Königingrätz pour marcher vers Wisoka.

2o Les arrière-gardes qui couvrent le bagage sont les plus difficiles de toutes, parce que les troupes ont une grande file de chariots à défendre. Si vous distribuez vos bataillons en troupe le long de celle file, vous êtes faible partout; si vous les gardez ensemble, vous ne couvrez rien. Que faut-il donc faire? Si l'on peut couvrir la marche des convois à un quart de mille du côté de l'ennemi, en ne laissant que de petites troupes pour l'avant-garde et l'arrière-garde et pour contenir les goujats, alors l'ennemi y pensera plus d'une fois, et s'il fait mine de vous attaquer, faites aussitôt parquer vos chariots. Si vous avez un terrain coupé à parcourir, éclairez bien vos marches par vos patrouilles, et occupez tous les défilés, après quoi vos chariots pourront les traverser en sûreté, et faites parquer les premiers jusqu'à ce que les derniers aient passé.

3o Si vous faites l'arrière-garde après une bataille perdue, il faut choisir les troupes les plus fraîches de cette armée, et les poster derrière le plus prochain défilé, hauteurs, bois, village, digue, pont, quoi que ce soit, et y faire de bonnes batteries, protéger l'infanterie en déroute, le plus qu'il se peut, par de la cavalerie, et recueillir et rassembler ces troupes débandées derrière ce corps qui les doit protéger. C'est là qu'il faut faire bonne contenance, et que les bonnes dispositions de l'officier qui commande l'arrière-garde peuvent sauver une bonne partie de vos débris, et par conséquent diminuer votre perte. Voyez les plans nos XXXIII et XXXIV.


a Voyez t. IV, p. x, 227 et 228.