19. A LA MÊME.

Le 19 décembre 1772.



Madame ma cousine,

Je vous assure, ma chère landgrave, que personne ne participe plus sincèrement à votre satisfaction que votre très-humble serviteur, et je ne me repens point du conseil que je vous ai donné. Je comprends que ce voyage vous embarrasse un peu; mais vous avez ici une fille et des amis qui se feront un plaisir de vous assister, et qu'à cela ne tienne, tout le reste ira de soi-même. Vos princesses sont sans doute timides; voudriez-vous donc qu'à leur âge elles eussent une hardiesse qui tient de l'effronterie? Eh! ne craignez rien, madame; selon que je connais la carte du pays, on les aimera mieux douces que hardies. Vous savez, d'ailleurs, combien une année de mariage délie les langues des jeunes dames; j'en ai vu (et l'Impératrice même) qu'on aurait prises pour des saintes Mitouches,2_166-a et qui dans la suite en ont bien donné à garder à d'autres. J'attendrai vos ordres pour préparer ici votre réception, et je ne vous écrirai qu'après que vous m'en aurez averti. En attendant, je jouirai de deux époques : celle de votre passage en allant, et celle de votre retour; ce sera mon Kuppelpelz.2_166-b Je vous prie, ma chère landgrave, de me croire avec toute la considération et l'amitié possible, madame ma cousine, etc.


2_166-a Voyez t. XI, p. 120.

2_166-b Courtage.