12. A LA MÊME.

Potsdam, 7 mai 1772.



Madame ma cousine,

Il se présente une occasion favorable, madame, pour l'établissement d'une des princesses vos filles. J'ai cru, comme de raison, qu'avant tout il fallait consulter sur cet article la volonté d'une mère respectable. Il ne s'agit pas, madame, d'une bagatelle, mais de placer, ou non, une de vos filles sur le trône de Russie. La chose est très-faisable. J'avoue que ces grandes fortunes sont toujours sujettes à quelques hasards. Cependant il y a plutôt à parier que les choses tourneront bien, qu'elles prennent un tour fâcheux. V. A. jugera elle-même quel avantage sa maison pourrait retirer d'un pareil établissement. Je la prie de vouloir se consulter là-dessus, et de me faire savoir ensuite sa résolution. Il n'y a point de temps à perdre, et je suis presque sûr de faire réussir la chose, si, madame, vous l'approuvez. Je me trouverai heureux si, en saisissant cette occasion qui se présente, je puis, madame, vous rendre quelques services et vous donner des marques de l'estime et de la considération avec laquelle je suis, etc.