<90>l'occasion et que le temps et la température de l'air me favorisent, car je sais que le froid et l'arrière-saison sont très-contraires à votre santé. Je partirai dans une huitaine de jours pour le pays de Clèves, et peut-être que de là je ferai encore un petit tour. Le duc de Brunswic est ici; il m'a amené son frère, auquel il lève un régiment à mon service.

Pourrais-je vous demander si, sans incommoder le Margrave, il voudrait me faire le plaisir de me lever quelques centaines d'hommes pour l'augmentation de mes troupes, que je lui payerais à raison de dix écus par tête, et les gages courants depuis le jour de leur enrôlement? Mandez-moi, je vous prie, naturellement si c'est une chose faisable ou non, car je suis fort embarrassé de trouver tout le monde qu'il me faut, et le Margrave pourrait me faire un grand plaisir par là. Adieu, ma chère et charmante sœur; ne m'oubliez jamais, et soyez persuadée que je suis avec toute la tendresse possible, ma très-chère sœur, etc.

Bien mes compliments, s'il vous plaît, au Margrave.

93. A LA MÊME.

(19 août 1740.)



Ma très-chère sœur,

Un voyage indispensable pour affaires me conduit à Strasbourg;a je vous en révèle le secret, vous priant de n'en rien dire. Je ne serai que le 28 à Wésel, d'où j'aurai le plaisir de vous écrire. Je vous remercie encore mille fois de toutes les amitiés et tendresses que vous m'avez témoignées à l'Ermitage,b et je vous prie de penser quelquefois, à vos heures de loisir, à un frère qui vous


a Voyez t. XIV, p. XIII, art. XXXV, et p. 181-187; t. XXVI, p. 17.

b Le 17, le 18 et le 19 août. La Margrave parle de cette visite dans ses Mémoires, t. II, p. 298 et 299; mais la relation qu'elle en donne dans cet ouvrage ne s'accorde pas avec sa correspondance.