<351>se réunit qu'on a donné trop de nourriture à l'enfant, ce qui lui a attiré ces incommodités. Les parents en ont été fort alarmés; on a fait venir le médecin Zimmermannd de Hanovre, qui est Suisse et fort habile, qui donne assez bonne espérance de l'enfant. Vous me trouverez indiscrète de ce que j'abuse tant de votre patience à lire un si long griffonnage; sans votre indulgence, qui m'enhardit, j'aurais fini plus tôt, quoiqu'il est me faire un effort lorsque je me vois obligée de rompre l'entretien avec vous, et que je ne passe jamais plus agréablement les heures que quand je pense en idée à mon adorable frère, qui m'occupe continuellement, étant sans cesse avec le profond et plus tendre respect et dévouement, etc.

12. A LA DUCHESSE DE BRUNSWIC.

Le 12 mai 1785.



Mon adorable sœur,

Il y a soixante-dix ans passés que je suis au monde, et dans tout ce temps je n'ai vu que des jeux bizarres de la fortune, qui mêle quantité d'événements fâcheux à quelques favorables qui nous arrivent. Nous ballottons sans cesse entre beaucoup de chagrins et quelques moments de satisfaction. Voilà, ma bonne sœur, le sort commun de tous les hommes. Les jeunes gens doivent être plus sensibles à la perte de leurs proches et de leurs amis que les vieillards. Les premiers se ressentent longtemps de ces privations, au lieu que les personnes de notre âge les suivent dans peu. Les morts ont l'avantage d'être à l'abri de tous les coups de la fortune, et nous qui restons en vie, nous y sommes sans cesse exposés. Toutes ces réflexions, ma bonne sœur, ne sont guère consolantes, je l'avoue. Heureusement que votre sagesse et votre esprit vous ont donné la force de résister à la douleur qu'éprouve


d Voyez t. XXV, p. XI, XII, et 431-434.