<342>c'est pourtant l'unique parti qui vous reste et qui nous reste à tous. Nous voilà, Dieu merci, tous parfaitement contents les uns des autres, et dans une harmonie comme il convient à de bons parents. Rien ne l'altérera, et je contribuerai de mon côté, autant qu'il dépendra de moi, à resserrer plus étroitement les liens de cette union. Je me fais un grand plaisir de revoir le Duc et le cher Ferdinand, et puisque vous me le permettez, j'espère d'avoir le plaisir de vous embrasser à Salzthal, vous assurant, etc.

5. DE LA DUCHESSE DE BRUNSWIC.

Salzthal, 5 juillet 1740.



Mon très-cher frère,

La seule chose qui m'a fait prendre mon parti, c'est de savoir que j'avais un si bon frère, qui reprendrait en tout la place de père de famille; et je ne me suis point trompée, puisque j'apprends des effets merveilleux de votre bon cœur, ainsi que j'aurais grand tort si je voulais encore me laisser aller à la tristesse, surtout puisque vous avez la grâce de me marquer dans toutes vos lettres vos bontés pour moi. Conservez-les-moi, mon cher frère, c'est ce dont je vous supplie, car c'est toute ma consolation; et comptez que si vous me les retirez, vous serez la cause de ma mort. Le Duc serait parti sur-le-champ avec son frère pour le venir présenter; mais Marwitza lui envoya une estafette où il lui écrivait qu'il avait reçu une de vos lettres pour le Duc, qu'il viendrait ici pour lui donner. Le Duc s'est imaginé qu'il avait peut-être des ordres que vous lui donniez, de manière qu'il doit lever les gens, et c'est ce qui est cause de l'arrêt de son voyage; il attend la poste d'aujourd'hui, pour apprendre encore vos ordres, et il se réglera d'abord après. Pour moi, je ressens, dans mon particulier, un contentement inexprimable d'avoir bientôt la joie de vous embrasser ici, et point de nouvelles ne me


a Lieutenant-général prussien. Voyez ci-dessus, p. 142.