<277>

305. A LA MÊME.

Le 6 novembre 1755.



Ma très-chère sœur,

Je bénis le ciel de ce que votre santé me paraît à présent meilleure que par le passé. J'attribue cet heureux changement à la dissipation du voyage, et certainement c'est la médecine la plus agréable dont on peut se servir. Je ne doute point, ma chère sœur, de l'authenticité du tableau antique que vous avez eu la bonté de m'envoyer; mes doutes sont l'effet d'une profonde ignorance dans ces sortes de matières. Je forme à présent une galerie de tableaux à Sans-Souci, et il est étonnant avec quelle facilité je suis parvenu à faire une assez ample collection de tableaux connus et réputés parmi les connaisseurs. Cela fera un petit embellissement à Sans-Souci, et servira d'une promenade agréable lorsque le mauvais temps empêchera de descendre au jardin. Vous voyez, ma chère sœur, que je ne tiens pas pour une folie, mais que j'en ai de toutes les nuances. S'il était nécessaire, je m'en crois si pourvu, que j'en pourrais céder une part à quelque sage et en garder encore de reste. Si je ne me fondais sur le support avec lequel vous endurez mes faiblesses, je n'aurais pas eu le courage de vous faire cette confession; mais j'espère que vous passerez le tout sous silence en faveur des sentiments tendres, anciens et invariables avec lesquels je suis, ma très-chère sœur, etc.

306. A LA MÊME.

Ce 23 (novembre 1755).



Ma très-chère sœur,

Je suis bien fâché d'apprendre par votre lettre que vous souffrez tantôt des yeux, tantôt d'autres infirmités. Je me flattais que le voyage les aurait en grande partie dissipées. Je suis bien étonné,