<261>dégèlent, et je m'occuperai bientôt militairement. En attendant, je me suis jeté dans la composition, et je m'amuse à faire de mauvais solos pour la flûte. Je ne sais pas, ma chère sœur, quand vous entreprendrez le voyage d'Italie; je vous prie de me le marquer, pour que mon imagination, qui vous cherche, sache où vous trouver. Daignez me conserver votre précieuse amitié, et comptez sur mon cœur, qui vous suit partout. Ce sont les sentiments avec lesquels je suis à jamais, ma très-chère sœur, etc.

291. A LA MÊME.

Le 25 mars 1755.



Ma très-chère sœur,

Je viens de recevoir votre lettre datée d'Avignon, du 28 février, et je vous rends grâce, ma chère sœur, de la lettre d'Herculanum que vous avez eu la bonté de me communiquer.a Je suis bien éloigné de pouvoir vous donner de ce pays-ci des nouvelles aussi intéressantes que celles que vous avez la bonté de m'apprendre. La grande nouvelle de Potsdam, c'est la blessure que le marquis d'Argens s'est faite au doigt en entrant en carrosse. Il en porte le bras en écharpe,b comme défunt saint Hippolyte, dont vous vous ressouviendrez peut-être. Voilà, ma chère sœur, la gazette de Potsdam; celle de Berlin annonce l'opéra d'Ezio pour le jour de naissance de notre chère mère; mais les jours de fête lui ont fait différer la célébration de sa fête jusqu'au 1er d'avril. Après cela, ne me demandez autre chose, ma chère sœur, que l'extrait de mes lectures et de quelque chétive musique que je fais. Je suis réduit au seul d'Argens, qui, pour la plupart du temps, se


a La Margrave avait écrit à Frédéric, le 28 février : « Je joins ici la copie d'une lettre de M. Camillo Padorni, apothicaire du roi de Naples, écrite à un de mes cavaliers. Vous y verrez, mon cher frère, un détail de la bibliothèque d'Herculanum et des autres antiquités qu'on a trouvées depuis un an. »

b Voyez t. XX, p. 48.