<208>posséder me profitera davantage. Écrivez-moi, je vous prie, bien sincèrement sur ce sujet, et ne me déguisez point le fond de votre âme, car il en sera absolument ce que vous jugerez à propos. Je fais mille vœux pour votre conservation et pour le rétablissement de votre santé. Si j'abandonnais le cours à la profusion de mon cœur, je vous ennuierais par tout ce que j'aurais à vous dire; mais je me renferme simplement aux assurances de la parfaite tendresse et de la considération avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.

237. A LA MÊME.

Ce 28 (janvier 1752).



Ma très-chère sœur,

Vos consolations ont fait sur moi l'effet d'une goutte d'eau sur une pierre chaude, elles ont un peu calmé mes douleurs; mais toutes vos bontés, toutes les maximes des philosophes, et la puissance de Dieu même, ne sauraient empêcher que ce qui est arrivé ne soit arrivé. Il est toujours bien doux pour moi de trouver dans votre compassion et dans votre sensibilité un soulagement que je ne puis espérer ici de presque personne. Je vous l'avoue, ma chère sœur, la plupart du monde, insensible ou indifférent, trouve l'amitié et les regrets ridicules; cela oblige à des contraintes qui sont d'autant plus insupportables, qu'on s'en fait quelques reproches à soi-même. J'étudie beaucoup, et cela me soulage réellement; mais lorsque mon esprit fait des retours sur les temps passés, alors les plaies du cœur se rouvrent, et je regrette inutilement les pertes que j'ai faites. Je souhaite de tout mon cœur que votre santé s'affermisse; ce serait pour m'achever de vous perdre après tant d'afflictions que j'ai essuyées. Ah! ma chère sœur, pensez à ceux qui vous aiment bien tendrement, et ménagez-vous, si ce n'est pas pour vous-même, du