<194>du carnaval, sur lequel nos jeunes gens se réjouissent beaucoup. Je deviens si vieux, que tout ce vacarme ne m'affecte guère. Daignez me conserver votre amitié, et soyez persuadée qu'on ne saurait vous estimer et vous aimer plus que ne fait, ma très-chère sœur, etc.

Daignez faire mes compliments au Margrave.

220. A LA MÊME.

Berlin, 7 décembre 1749.



Ma très-chère sœur,

J'ai eu le plaisir de recevoir deux de vos lettres. Vous êtes toujours une divinité pour moi; mais comme vous avez tant d'attributs, je vous invoque un jour sous le nom de Minerve, un autre sous celui de Calliope; quelquefois vous daignez vous manifester comme Polymnie, ensuite vous vous montrez aux mortels sous la forme d'Uranie; aujourd'hui vous me permettrez de vous adorer sous les attraits de Lucine. Je n'en doute point, si vous allez à Stuttgart, notre nièce accouchera heureusement sous vos auspices. Vous douerez l'enfant nouveau-né, et ce sera la merveille des siècles futurs. J'ai trouvé dans quelque vieux bouquin de mythologie que Lucine s'habillait d'un voile gris de lin et blanc. Comme j'imagine que, possédant ses attributs, vous voudrez suivre ses usages, je prends la liberté de vous offrir cette étoffe comme des prémices de notre manufacture, et lorsque j'adresse mes vœux aux dieux, j'ose leur dire : Divinités de l'Olympe, si vous daignez favoriser la Souabe de votre présence, accordez, de grâce, un jour les mêmes faveurs à la Prusse. Je suis avec la plus parfaite estime, etc.