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112. A LA MÊME.

Berlin, 16 décembre 1741.



Ma très-chère sœur,

Nous avons reçu la nouvelle que le Margrave a très-joliment accordé à ma sœur la permission de venir ici. Nous l'attendons dans quelques jours avec beaucoup d'impatience. Celle de Brunswic se fait un grand plaisir de la revoir. Les princes de Würtemberg arriveront ici aujourd'hui, je crois, et leur mère les suivra dans peu de temps. Nous avons eu mercredi derniera l'opéra de Rodelinde, dont l'exécution a répondu à l'opinion que nous en avions. Cet opéra trouve une approbation universelle, et ne dure que le temps qu'il faut pour divertir, c'est-à-dire, trois heures.

Le duc de Weimar n'est pas seulement fou pour les universités, mais il l'est encore pour les héritages; car il nous fait beaucoup de bruit avec les façons qu'il emploie envers la douairière d'Eisenach,b que nous attendons ici à Noël.

De Moravie nous avons la nouvelle que les Autrichiens qui s'y sont rendus ont plutôt la mine d'être battus que de s'être retirés. Nous les serrons vivement de ce côté-là, de façon que la paix ne pourra guère tarder de s'ensuivre pour le printemps qui vient.

Adieu, ma très-chère sœur; aimez-moi toujours, et soyez persuadée de la tendresse parfaite avec laquelle je suis, etc.

Mille compliments, je vous prie, au Margrave.


a 13 décembre.

b La princesse Anne-Charlotte-Sophie, veuve, depuis le 25 juillet 1741, de Guillaume-Henri, dernier duc de Saxe-Eisenach. Elle était fille du margrave Albert de Brandebourg, et par conséquent petite-fille du Grand Electeur.