9. AU MÊME.

Bolkenhayn, 2 avril 1709.



Mon cher frère,

Il n'y a donc plus pour ma vieillesse que des événements de crainte à prévoir, et des objets douloureux qui s'offrent à ma vue. Ce n'est pas assez des cruelles pertes que notre famille a faites, j'en dois prévoir encore d'autres affligeantes et funestes. J'espère que ma sœur en réchappera encore; mais je voudrais bien que vous commenciez à m'écrire que cela va mieux avec vous. Depuis le temps que vous prenez des drogues, elles auraient dû faire quelque effet. L'on veut que vous preniez les eaux ce printemps; il faudra y aller, mon cher frère, et vous baigner, pour essayer de vous remettre. J'ai fait écrire pour des passe-ports,618-a <542>afin que rien ne vous arrête. Nous sommes ici dans l'attente des événements; mais la saison est si froide, qu'il ne sera guère possible de camper qu'en quatre semaines dans ces montagnes. Adieu, mon cher frère; j'ai toute sorte de choses à régler encore. Je vous embrasse bien tendrement, étant avec une parfaite estime, etc.


618-a Le gouvernement français fit quelque difficulté de donner au prince des passe-ports pour Sehwalbach; mais il promit qu'on lui ferait l'accueil le plus prévenant à Plombières. Il ne fut fait aucun usage de cette offre.