93. AU MÊME.

Neustadt (près de Meissen), 23 novembre 1760.

.... Je crois, mon cher frère, que j'ai rencontré juste sur ce que j'ai auguré de notre situation. Enfin, le prince Ferdinand va s'évertuer de son côté; il commence à comprendre qu'il ne doit plus souffrir les Français à Göttingue. Cela est tard, mais pourvu que la fortune le seconde, il faut espérer que ses opérations pourront produire de grandes suites. Vous me demandez des nouvelles de ma santé; ma pelisse m'a sauvé la vie, dont je lui ai peu d'obligation. J'ai eu pendant huit jours des douleurs à la poitrine, qui se sont passées entièrement, et il semble que le ciel <224>ne me prolonge la vie que pour me réserver aux plus dures épreuves; mais il faut que chacun subisse son sort. Vous ne me dites rien de votre santé; il est pourtant à présumer qu'elle est remise. Je vous prie de m'en donner des nouvelles. Hülsen a chassé les cercles de Zwickau; j'attends son retour à Freyberg pour repasser la Triebsche. Meissen, Nossen et Freyberg feront les têtes de nos quartiers. Ces contrées où nous sommes ressemblent au désert de la Thébaïde; nous ne voyons que désolations. Daun fait passer beaucoup de troupes en Bohême; si cela continue, je me flatte que nous aurons quelque repos.