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17. AU MÊME.

Potsdam, 24 avril 1747.



Mon cher frère,

Je suis bien aise que vous ne regrettiez pas le temps que vous avez passé ici. Je n'attends qu'un temps moins occupé pour vous y voir une fois avec plus de liberté qu'à présent, et pour vous mettre au fait de toutes les choses qui regardent l'État; car, selon la forme de notre gouvernement, le Roi y fait tout, et les autres états exécutent, chacun dans leur détail, les affaires qui sont de leur ressort. Si donc le prince n'est pas foncièrement informé de la connexion de toutes les choses, il est impossible que l'État ne s'en ressente beaucoup; et comme, dans un événement imprévu, vous ne laisseriez pas d'être fort nouveau dans les affaires, malgré l'ordre et la clarté qui y règnent, faute de savoir la connexion intime que toutes ces parties ont les unes avec les autres, le temps que vous y sacrifierez pour vous instruire ne pourra que tourner à votre plus grand avantage. J'espère que vous serez convaincu par là même de l'amitié et de la confiance que j'ai en vous, et de tous les sentiments d'estime avec lesquels je suis, etc.

18. AU MÊME.

Potsdam, 19 juin 1747.



Mon très-cher frère,

Me voilà de retour de Magdebourg, où j'ai travaillé par tous les différents départements, militaire, fortification, économie, commerce, justice et commissariat. En gros, j'ai tout lieu d'être satisfait; en détail, il y a toujours quelque chose à redire, et tandis que le monde existera, l'imperfection sera le partage de l'humanité. Je me repose ici avant que d'aller à Stettin et de vous voir;