<409>ments qui peuvent les déterminer, soit gloire, soit foi donnée, soit intérêt, soit facilité des opérations; je vous défie qu'on en dise davantage. Mais je suis dans le cas d'un médecin qui traite un homme grièvement malade; il lui donne de bonnes drogues, et il est pourtant contraint d'attendre avec une espèce d'incertitude l'effet qu'elles opéreront. Il ne s'agit pas de bagatelles; il faut rendre l'énergie à un gouvernement paralytique, aiguillonner d'ambition des âmes impalpables, et, dans le corps d'un vieillard octogénaire,a réchauffer ce feu élémentaire que Prométhée déroba des cieux. Voilà, mon cher frère, de quoi s'occupe un autre vieillard presque septuagénaire, qui aurait lui-même besoin de feu pour ranimer son corps délabré et son esprit presque éteint. Je n'ai que quelques nouvelles de Silésie que je puisse vous communiquer à présent; mais ce n'est rien de bien authentique. Je suis, etc.

294. AU MÊME.

Ce 11 (mars 1778).



Mon très-cher frère,

Point de lettres de Paris. Voici des bulletins, cependant, sur la foi desquels on ne peut aucunement compter. Vous verrez par mes autres nouvelles, mon cher frère, la continuation des préparatifs des Autrichiens; mais ce qui vous surprendra plus que le reste, c'est que l'Électeur palatin est sur le point de laisser pour des subsides ses troupes aux Autrichiens. Cobenzl prépare son départ; mais je ne dois pas vous laisser ignorer qu'il est instruit de bien des choses que vous dites, car il s'est lâché envers un de mes espions, et lui a dit : « Le prince Henri croit toujours qu'il n'y aura point de guerre; mais il s'apercevra bientôt avec quelle puissance il aura affaire. » Vous voudrez bien prendre toutes les précautions pour que les gens qui vous environnent n'aillent


a M. de Maurepas.