<403>vous verrez que, sitôt que nous serons sûrs de la continuation de cette paix, nos affaires ne seront pas dans une aussi mauvaise situation, et que, d'autre part, la cour de Vienne pourra se repentir de la conduite injuste, tyrannique et précipitée à laquelle elle s'est abandonnée avec l'électeur de Bavière. Je suis, etc.

288. AU MÊME.

Le 6 février 1778.



Mon très-cher frère,

Le premier usage que je fais de ma main convalescente est de vous remercier de la lettre de l'impératrice de Russie que vous avez la bonté de me communiquer. Toutes les apparences annoncent à présent que les troubles avec les Turcs paraissent se pacifier. Jamais conduite n'a été moins mesurée que celle de la cour de Vienne. Il n'y a qu'un cri dans l'Empire contre elle. Tout paraît annoncer que l'Électeur palatin chantera la palinodie, et se retournera vers nous. Pour ce qui regarde la France, vu sa mollesse, sa lâcheté et la reine autrichienne qui s'y trouve, tout ce que nous pouvons obtenir d'elle sera un traité de neutralité, dont il faudra se contenter, faute de mieux. Dans peu de jours mon courrier reviendra de Paris, et vous serez informé, mon cher frère, du contenu de la réponse. La Saxe s'est jetée entièrement en nos mains; j'ai demandé à l'Électeur de s'adresser également à l'impératrice de Russie, et de lui demander sa protection; il m'enverra cette lettre, que j'accompagnerai d'une de ma part, et où je ferai valoir à l'Impératrice l'étendue de ses influences, de sa puissance et de sa gloire. Le prince Gagarin est arrivé; je le verrai après-demain, et je ferai partir au plus vite Cocceji,a avec toute une charge de dépêches, pour Pétersbourg. Jamais, mon cher frère, l'on n'a tant barbouillé de papier dans ma maison qu'à présent; ce sont courriers sur courriers qui ar-


a Voyez ci-dessus, p. 369.