<381>notre nièce, à Montbelliard, où je lui rends compte des intentions gracieuses de l'Impératrice et du grand-duc sur le choix de sa fille, en lui marquant en même temps de quoi je suis convenu avec le prince héréditaire de Darmstadt, et je me flatte de ne point rencontrer de difficultés de ce côté-là, ainsi que pour la religion; le père étant catholique, la mère réformée, et les enfants luthériens, avec une grecque, cette famille fera la concordance des principales sectes de la chrétienté. Dès que j'aurai une réponse, je vous la ferai parvenir par courrier. Quant à ce que vous avez la bonté de me mander de l'intention où se trouve l'Impératrice d'envoyer le grand-duc à Berlin, vous devez juger combien je suis touché de cette marque de confiance, et que le grand-prince, comme tout ce qui tient à l'Impératrice, sera reçu à bras ouverts. Je me trouve heureux d'être échappé à ma dernière maladie, ce qui me procure la douce satisfaction de recevoir chez nos pénates mes plus respectables et meilleurs alliés et amis. Veuille le ciel que ces nouveaux liens qui vont se former contribuent au contentement de l'auguste famille impériale, et qu'une longue postérité, qui en sera la suite, soutienne la splendeur de ses illustres ancêtres. Comme j'ai trouvé un portrait en miniature de la princesse de Würtemberg (qui, par parenthèse, a dix-sept ans), je vous l'envoie, mon cher frère. M. de Riedesel, qui a vu la princesse, le trouve tout à fait ressemblant, et m'a dit beaucoup de bien de cette jeune personne. Je ne dois pas omettre que je dois beaucoup à l'assistance de M. de Riedesel, qui a employé toute sa rhétorique pour fortifier le Prince héréditaire dans le généreux effort du triomphe que son amitié pour le grand-duc remporte sur l'amour. Je manque de termes et d'expressions pour témoigner à la famille impériale toute ma sensibilité et ma reconnaissance; tout ce que, mon cher frère, vous pourrez dire de plus fort sur ce sujet ne sera jamais désavoué de ma part. Vous qui êtes un autre moi-même, vous me remplacez à Pétersbourg, et votre cœur dira à l'Impératrice et au grand-duc ce que le mien sent pour eux, trop heureux si je puis leur en donner des preuves convaincantes avant de mourir! Pour vous, mon cher frère, recevez les assurances de ma plus haute estime et de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.