<358>que du sable, des sapins, de la bruyère et des juifs. Il est vrai que ce morceau me prépare bien de l'ouvrage, car je crois le Canada tout aussi policé que cette Pomérellie. Point d'ordre, point d'arrangement; les villes y sont dans un état déplorable. Par exemple, Culm doit contenir huit cents maisons; il n'y en a pas cent sur pied, et ceux qui les habitent sont ou juifs, ou moines, et encore y en a-t-il de plus chétives. Quant à l'armée, j'ai trouvé toute la cavalerie de ce pays-là, à peu de chose près, égale à la nôtre; quant à l'infanterie, les régiments de garnison de cette province valent sûrement les régiments de campagne; ces derniers sont plus grands que ceux de Berlin. Mais il faudra de nécessité faire quelques changements dans les officiers de l'état-major, ainsi qu'auprès de quelques subalternes. Le grand défaut dans l'exercice est qu'ils chargent mal, qu'ils ne marchent pas tous également bien en avançant, et qu'ils ne couchent pas bien en joue. Tout cela pourra se redresser pendant le cours de cette année, et, s'il plaît à Dieu, l'année qui vient, toute l'armée sera à l'unisson et dans le même ordre. Ceux de Poméranie se sont surpassés cette année; ceux de Magdebourg sont très-bien, de sorte que si un jour la guerre devait se faire, je crois que l'on pourra compter sur l'infanterie, au moins pour quelques campagnes, s'il n'y a pas trop de batailles.

En voilà déjà beaucoup. La prise de possession traînera, je crois, jusqu'au mois de juillet; mais ce sont de petits inconvénients qui nous feront perdre quelques revenus, à quoi il ne faut faire aucune attention dans des choses si importantes. Je suis, etc.

239. AU MÊME.

Le 18 juin 1772.



Mon cher frère,

Je saisis avec empressement toutes les occasions qui se présentent de vous obliger et de vous donner, mon cher frère, des marques