<353>mon cher frère, de tout mon cœur, en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.

235. AU MÊME.

Le 27 septembre 1771.



Mon cher frère,

Je vois, mon cher frère, que vous êtes étonné de la singulière conjoncture où se trouve l'Europe à présent. Il est vrai que, en lisant l'histoire même, je ne me rappelle pas d'y avoir lu quelque trait qui ressemble à la position présente où nous nous trouvons. Cependant, depuis que j'ai eu la satisfaction de vous écrire, les conjonctures et les événements ont pris une tournure infiniment plus favorable pour nos intérêts; les Russes, piqués de la réponse sèche et impérieuse des Autrichiens, ont résolu de faire marcher au mois de janvier prochain une armée de cinquante mille hommes en Pologne. Leur animosité se tourne tout entière contre les Autrichiens; ils veulent céder aux Turcs la Moldavie et la Valachie, et ils veulent même animer cette puissance à se déclarer contre l'Autriche. Voici le moment de signer notre convention avec eux; cela améliorera pour moi les conditions que je désire, et, d'un autre côté, cette nouvelle armée, portée entre Sandomir et Cracovie, empêchera bien les Autrichiens d'agir, de sorte que nous ferons des acquisitions sans tirer l'épée. Vous voulez savoir comment la Saxe se trouve actuellement avec l'Autriche? A ce qu'on m'écrit, ils ne sont ni bien ni mal ensemble. L'Électeur a fait une réduction, et se prépare à la renouveler encore, de sorte que son armée ne demeurera forte que de douze mille hommes. Ce ne serait pas, en tout cas, un bien puissant secours pour l'Autriche, et quoi que ce bon électeur fasse, si le feu de la guerre s'allume, il sera, ni plus ni moins, obligé de servir nappe aux parties belligérantes. Je suis les Autrichiens dans toutes leurs négociations; je les éclaire d'aussi près qu'il m'est possible. Je