<338>nos seuls bienfaiteurs;a ceux des souverains qui peuvent produire de tels titres sont sûrs d'obtenir des brevets d'immortalité par tous les siècles.

Je vous ai dépêché, mon cher frère, un courrier depuis peu, et je dois encore ajouter que mes efforts ont été superflus pour achever ces ordres, qui ne pourront, je crois, partir d'ici que le mois prochain. On croit la guerre inévitable entre l'Angleterre et l'Espagne; Choiseul se trouve pris dans les filets qu'il avait tendus à d'autres. Ainsi la meilleure politique est l'unie qui chemine droit; par là on ne cherche niche à personne, et l'on ne s'embarrasse pas soi-même.

Notre nièce n'est point encore accouchée.b Il fait ici depuis quelques jours un temps abominable. Je vous conjure, mon cher frère, de vous bien empelisser et de vous bien calfeutrer à votre retour. Je crains que vos nerfs délicats ne souffrent de la rigueur du froid.

Je suis, etc.

221. AU MÊME.

Le 30 novembre 1777 (1770).



Mon cher frère,

Je ne sais si ma lettre vous trouvera encore à Pétersbourg, ou si vous serez sur votre retour, mon cher frère; toutefois suis-je bien réjoui d'apprendre que votre santé est assez bonne pour résister aux rigueurs des climats du nord. Je ne suis pas étonné du tout des belles fêtes que l'Impératrice vous a données. Ce même génie qui gouverne un État, et qui met tant de grandeur et de combinaisons dans ses projets, et dont la justesse des mesures étourdit l'Europe par des succès étonnants, ce même génie, dis-je, se déploie dans les fêtes dont vous avez été spectateur;a


a Voyez t. XVII, p. 302 et 303.

b Il s'agit de la princesse d'Orange, qui accoucha d'une fille le 28 novembre.

a Voyez t. XXIII, p. 385, et t. XXIV, p. 313.