<322>dans votre voyage. Vous devinez bien pourquoi je ne veux point me servir de celui de Solms. Il n'y aura personne d'étranger, au camp de Moravie, que le duc de Glocester, qui, par ses importunités, a forcé l'Empereur à le recevoir malgré soi. D'ailleurs, il y sera beaucoup question de la paix avec les Russes et les Turcs, et s'il y a quelque chose de bien intéressant à insinuer à l'Impératrice, cela pourra passer par vous, et cela en acquerra du poids.

206. AU MÊME.

Neisse, 30 août 1770.



Mon cher frère,

Je suis ravi, mon cher frère, de tout ce que vous m'apprenez de ma sœur de Suède, et vous connaissez trop mes sentiments pour me soupçonner de n'y pas répondre avec la même tendresse. Je sens tout le plaisir qu'on doit avoir de revoir ses parents après une si longue absence, car je sais quel plaisir j'aurais, si je pouvais revoir ma sœur de Suède; mais je n'ose pas m'en flatter, car je crois en entrevoir l'impossibilité morale. Vous avez encore, mon cher frère, un grand voyage qui vous attend, et qui malheureusement est inévitable; je parle de celui de Pétersbourg. Vous vous trouverez à portée de rendre de bons offices à ma sœur de Suède, que je regarderai comme si vous me les aviez rendus. Vous pourrez aussi, en louant l'Impératrice et en la flattant, la faire expliquer sur les conditions auxquelles elle compte faire la paix avec les Turcs, qui est une chose qui nous intéresse très-directement; car vous sentez bien que, après toute la gloire qu'elle s'est acquise par ses armées, rien ne peut la relever encore que sa modération dans les conditions de la paix qu'elle dictera à ses ennemis. Je pars le 2 pour la Moravie, où je trouverai des gens que cette paix intrigue beaucoup, et qui, à la fin, pourraient s'impatienter, si la guerre continuait encore l'année prochaine. D'ailleurs, je serai très-bien reçu; l'Empereur n'a voulu