<313>comprennent pas qu'il y aurait de l'indécence d'entrer en de pareilles idées.

Je vous embrasse, mon cher frère, sincèrement, en faisant mille vœux pour votre contentement, vous priant de me croire avec une parfaite tendresse, etc.

197. AU MÊME.

Le 8 mars 1769.



Mon cher frère,

Je souhaite de tout mon cœur que l'air de la campagne vous fasse du bien, et je me prépare également à le prendre à Sans-Souci, où je serai en quelques jours. A présent, mon cher frère, je puis vous dire positivement que les Russes sont tout à fait d'accord avec moi, et qu'ils sentent qu'il leur est plus avantageux de prendre notre argent que nos soldats. Le ciel les maintienne dans ces heureuses dispositions, qui nous épargnent la guerre pour cette fois! Ils font une petite augmentation de cinquante mille hommes qu'ils veulent conserver sur pied, soit en guerre, soit en paix. C'est une terrible puissance, qui dans un demi-siècle fera trembler toute l'Europe.a Issus de ces Huns et de ces Gépides qui détruisirent l'empire d'Orient, ils pourraient bien dans peu entamer l'Occident, et causer aux Autrichiens des sentiments de douleur et de repentir de ce que, par leur fausse politique, ils ont appelé cette nation barbare en Allemagne, et lui ont enseigné l'art de la guerre. Mais l'aveuglement des passions, cette haine envenimée que les Autrichiens nous portaient, les a étourdis sur les suites de leur conduite, et à présent je n'y vois plus de remède qu'en formant avec le temps une ligue des plus grands souverains pour s'opposer à ce torrent dangereux.

Goltzb n'est pas encore assez établi à Paris pour être en état


a Voyez t. III, p. 31; t. VI, p. 25 et suivantes; et ci-dessus, p. 309.

b Voyez t. V, p. 176, et t. VI, p. 22 et 23.