<256>prise de Dresde comme le coup le plus important pour nous, parce qu'il mènerait à une bonne paix, dont, selon les apparences, on pourrait convenir l'hiver prochain.

J'attends donc la réduction de Schweidnitz, pour voir quels mouvements le maréchal Daun fera; en attendant, je lui donnerai toutes les inquiétudes que je pourrai, et cela de tous côtés, pour voir ce qu'il conviendra le mieux de faire; et alors, si des raisons valables ne m'en empêchent pas, je me propose de marcher avec trente bataillons et soixante-dix escadrons en Saxe, droit à Dresde. Si je puis y arriver avant Daun, j'espère que nous ferons décamper Hadik, et que vous pourrez assiéger Dresde; je couvrirais le siége du côté de Weissig, et tout irait à merveille. Daun, qui ne s'est pas battu pour Schweidnitz, ne se battra pas pour Dresde, et, la ville prise, je partagerais mes troupes, une partie en Lusace, et l'autre en Thuringe. Il ne s'agit que de faire venir de la farine à Torgau; je fourragerai, et me tirerai bien d'affaire du reste; car si je n'envoie que quinze bataillons, et si Daun y va, je ne puis prendre d'ici que quinze autres bataillons, et je serais si fort en détachements, que je n'aurais point de masse pour m'opposer à l'ennemi.

Vous comprenez cela très-naturellement, et que, pouvant prévoir le mouvement que le maréchal Daun fera, il serait très-inconsidéré de ma part de manquer aux précautions que je dois prendre. Je vous prie de me dire sur ceci votre sentiment. Quant à Loudon, nous n'avons rien à craindre de lui; il commande le cordon qui couvre l'armée de Daun; celui-ci est à Scharfeneck avec trente-trois bataillons et soixante-dix escadrons; il se tient là pour tourner ou vers la Moravie, ou vers la Saxe, selon qu'il le jugera à propos. C'est donc sur l'arrangement des ennemis que je fonde mes conjectures, et que j'établis mon projet. Je voudrais volontiers faire mieux; mais je ne vois dans les circonstances présentes aucune opération préférable à celle-là, quelque difficile qu'elle soit ....