<231>Si tout va bien en Poméranie, j'espère que peut-être il y aura moyen de redresser les affaires de Silésie. Pour les vivres de la Saxe, c'est une bagatelle que d'y amasser des magasins et tout ce qui est nécessaire; si les choses vont bien ici, et que j'y puisse venir, vous n'avez qu'à me dire ce qu'il vous faut, et je me fais fort de vous le procurer. J'y subsisterais, s'il le fallait, avec votre armée et la mienne; mais ces coquins du directoire de la guerre vous trompent, parce qu'ils sont tous corrompus par les Saxons. Ce n'est pas entre Meissen et Torgau qu'il faut prendre les vivres, mais cet hiver on les tirera de Freyberg, de Chemnitz, du Voigtland, de Leipzig et de la Thuringe. J'en parle par connaissance de cause, et vous pouvez vous en fier à ma parole. Mes troupes, si je puis y aller, feront vivre les vôtres toute l'année prochaine, et les payeront ....

100. AU MÊME.

Strehlen, 16 novembre 1761.



Mon très-cher frère,

J'ai reçu votre lettre du 11 de ce mois, sur laquelle j'ai la satisfaction de vous dire que Platen pourra être parti hier ou aujourd'hui pour la Saxe. Il doit y passer l'hiver avec tout son corps; il serait presque impossible de le nourrir ici; mais comme j'ai perdu ici tout cet automne, trop faible pour entreprendre, et ayant été obligé de faire de grands détachements en Poméranie, il faut rouvrir ici, l'année prochaine, une campagne précoce, pour ravoir Schweidnitz. Loudon tient encore le poste de Kunzendorf; quand même je l'en chasserais, en courant les plus grands hasards, avant que Platen arrive ici, il n'y aura plus moyen de faire des siéges. Nos peines seraient donc perdues. J'envoie par cette raison Platen en Saxe. Il faudra que vous tâchiez de resserrer les ennemis près de Dresde autant que vous le pourrez, car plus nous occuperons de pays, plus nous aurons de