<127>grandes difficultés, c'est que s'il faut que nous fassions des marches, il faut que nous en soyons instruits pour le moins trente-six heures d'avance, pour pouvoir nous défaire de nos chariots, qui sont trop nombreux. Je suis après à en faire faire la révision; mais il en restera encore de trop, et malheureusement la plupart sont indispensables. Les avis que je pourrai recevoir des gouverneurs des places de Silésie pourront me mettre au fait, à la vérité, des desseins de l'ennemi; mais s'ils tentent quelque chose sur cette province, et surtout sur le magasin de Schweidnitz, je vous flatterais en disant que, vu ma situation, je serais en état d'y porter un prompt et grand secours. J'ai usé hier du stratagème du hussard travesti; mais j'ignore s'il est passé. J'ai envoyé par trois différentes voies la même lettre. J'écrirai aujourd'hui au commandant de Tetschen, pour savoir ce qui se passe dans ces contrées.

Je me trouve heureux, mon très-cher frère, de remplir vos intentions. Soyez persuadé que mes vœux seront parfaitement accomplis, si je puis vous convaincre du zélé et respectueux attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être jusqu'au tombeau, etc.

56. AU PRINCE DE PRUSSE.

Leitmeritz, 7 juillet 1757.

J'ai des nouvelles sûres que toutes les troupes de l'Empire qui s'assemblent à Fürth ne feront que dix-huit mille hommes; cela me paraît bien peu de chose pour faire une diversion. Je commence à soupçonner que les Autrichiens pourraient avoir dessein de pénétrer en Silésie par Landeshut. Kreytzen m'écrit qu'il y a eu un corps de trois mille hommes qui s'est montré là, et qui s'est retiré. Daun nous masque avec ses troupes légères; Dieu sait ce qu'il fait en attendant. Entretenez une vive correspondance avec d'Oa et Kreytzen, pour que vous soyez averti des


a Voyez t. V, p. 62.