<112>voulait qu'à faire un coup d'éclat inutile. Il est sûr que, dans l'oisiveté où nous sommes, nous ne pouvons suppléer à l'expérience que par la théorie du passé; mais ce qui avait formé ces hommes supérieurs du siècle passé, c'était une pratique non interrompue du même métier, qui souvent les rendait habiles à leurs propres dépens et à ceux de leur maître. Il ne nous reste que les camps de paix, où nous pouvons acquérir la routine de la tactique, mais où il nous est interdit d'atteindre aux grandes parties de la guerre, qui sont les projets de campagne et les résolutions subites qui redressent les fautes qu'on a faites. Le temps nous est si contraire, que jusqu'à présent nous n'avons pu exercer les éléments de la guerre; nous avons formé les bataillons, mais nous n'avons pas pu seulement exercer par divisions, et je crois que cette semaine sera perdue par le mauvais temps.

Ma sœur Amélie est partie hier pour son abbaye;a il m'a semblé que ce voyage l'amusait beaucoup. Mon frère Henri a pris la colique, mais elle est presque passée. Quant à moi, je vous prie de me croire avec une parfaite estime, etc.

38. AU MÊME.

(Potsdam) ce 15 (avril 1756).



Mon cher frère,

On ne peut pas toujours faire la guerre, ni toujours avoir la paix; une belle science serait de faire tout à propos. Les États se gouvernent par des principes d'intérêt, et lorsque ceux-là ne s'accordent pas avec leurs vues d'agrandissement, ce serait insensé de perdre les troupes et l'argent (deux choses difficiles à retrouver), pour n'avoir que le plaisir de ferrailler. Plus les années deviendront nombreuses, et moins la guerre se fera, parce que les ressources ne seront pas proportionnées aux dépenses. Cependant jusqu'à présent il n'y a que la France et l'Angleterre


a Quedlinbourg.