17. DU MÊME.

Paris, 19 novembre 1784.



Sire,

M. le marquis de Condorcet ayant publié deux nom eaux petits volumes de différents morceaux de Tacite traduits par feu d'Alembert, il est naturel qu'il veuille en faire hommage au monarque qui a protégé le traducteur pendant toute sa vie; et comme il s'est accoutumé à me faire son commissionnaire auprès de V. M., je suis encore chargé cette fois-ci de lui présenter cette offrande. C'est par cet enchaînement des causes secondes que V. M. est toujours de temps en temps exposée à entendre parler de moi. Pour nous, Sire, si le nom de V. M. pouvait être oublié un instant pendant son règne, cela ne nous eût pas été possible cette année. Indépendamment de la foule d'officiers français qui, à leur retour, nous ont parlé de leur voyage dans les États de V. M., le séjour de monseigneur le prince Henri dans la capitale des Gaules a été une occasion continuelle et journalière pour les Français de manifester l'idée qu'ils attachent au nom prussien. Jamais prince étranger n'a reçu un tel accueil, et S. A. R. se rendrait coupable d'ingratitude, si elle pouvait l'oublier. Il y a longtemps, Sire, que je crois les sauvages des bords de la Baltique en train de remontrer à leurs maîtres, avec le temps, dans les beaux-arts comme en autres choses; car si ceux-ci descendent, tandis que les autres montent, il est évident qu'insensiblement ils se trouveront avoir troqué de place.

<356>Je porte, à la fin de cette année, aux pieds de V. M. mes vœux avec l'hommage du plus profond respect avec lequel je suis, etc.