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1. A LA PRINCESSE JEANNE-ÉLISABETH D'ANHALT-ZERBST.

Berlin, 30 décembre 1743.



Madame ma cousine,

Je ne doute pas que vous n'ayez déjà appris, par des lettres qui vous seront parvenues de Pétersbourg, de quelle manière Sa Majesté Impériale de toutes les Russies désire ardemment que vous la veniez voir avec la princesse votre fille, et les arrangements qui ont été actuellement pris de la part de Sadite Majesté, pour fournir aux frais qu'il vous faudra faire pour un tel voyage.

La parfaite considération que j'ai pour vous, madame, et pour tout ce qui vous appartient, m'oblige de vous dire de quoi il s'agit proprement en ce voyage; et la confiance que j'ai en vos qualités estimables me fait espérer que vous ménagerez ce que j'aurai la satisfaction de vous dire sur une affaire dont la réussite dépend absolument d'un secret impénétrable. Dans cette confiance donc, madame, je ne veux plus vous cacher que, par l'estime que j'ai de votre personne et de la princesse votre aimable fille, j'ai souhaité de voir faire à celle-ci une fortune non commune, et que la pensée m'est venue s'il n'y avait pas moyen de la voir unie avec son cousin le grand-duc d'à présent de Russie.a

J'y ai fait travailler actuellement, quoique dans le plus grand


a Voyez t. III, p. 31-33. En 1773, Frédéric recommanda de même à l'impératrice Catherine II la princesse de Hesse-Darmstadt (t. VI, p. 63 et 134) et, en 1776, la princesse de Würtemberg (l. c., p. 136 et 137; voyez aussi la correspondance de Frédéric avec le prince Henri, du 9 mai au 1er octobre 1776).