<525>mentations va fort bien; de façon que, sans exagération, mes dix-huit mille hommes seront complets au mois de mai de l'année qui vient.

Je fais un petit voyage à Baireuth et Ansbach pour entendre moi-même la façon de penser des petits princes, et pour pressentir leurs sentiments;b je ne serai de retour que le 24 de septembre, que vous me ferez plaisir de vous rendre ici.

Je vous prie, faites bien parvenir par un canal détourné à l'évêque de Mirepoix les vers de Voltaire. Je voudrais le brouiller pour jamais avec la France; ce serait le moyen de l'avoir à Berlin.

J'ai envoyé à Chambrier toute une étiquette de maîtres de ballets, dont il doit choisir le meilleur et la meilleure danseuse pour l'Opéra de cet hiver.

Adieu, cher Rottembourg; je fais mille vœux pour votre santé, vous priant de me croire avec toute l'estime et l'amitié imaginable, etc.

EXPRESSIONS DE VOLTAIRE.

Ah! que le précepteur de notre roi est différent du précepteur de notre dauphin!c

Non, non, pédant de Mirepoix,
Prêtre avare, esprit fanatique,

Qui prétends nous donner des lois,a
Tel qu'un vieux prieur séraphique
Dans un cloître de Saint-François,
Cuistre imbécile et tyrannique,
Fait pour chanter à haute voix
Ton rituel soporifiqueb


b L. c, P. 27.

c Lettre de Voltaire à Frédéric, du mois de juin 1743; voyez notre t. XXII, p. 147.

a Voltaire dit dans la même lettre : « Ce vilain Mirepoix est aussi dur, aussi fanatique, aussi impérieux que le cardinal de Fleury était doux, accommodant et poli. O qu'il fera regretter ce bonhomme! » L. c., p. 147.

b Voltaire dit dans ses vers

Au roi de Prusse

(édit. Beuchot, t. XIV, p. 410) :

Pour ce Boyer, ce lourd pédant,
Diseur de sottise et de messe, etc.;

et dans sa lettre à Frédéric, du 28 juin 1743 : « Que je ne voie point ce cuistre de Boyer. » Voyez t. XXII, p. 151 de notre édition.