<439>Bureau de La Rivière; mais j'ai fait venir l'Histoire de France du père Daniel, qui est fort ample et fort belle. J'y ai cherché ladite aventure sans l'y avoir trouvée, de sorte que je ne sais où Bussy peut l'avoir puisée. Cependant le père Daniel m'a fourni d'autres traits bien plus intéressants que celui-là, que je garde pour la seconde partie de mes additions susmentionnées.

Je n'ai garde, d'ailleurs, de toucher à l'article final de la lettre de V. A. R. Je suis tout aussi incapable d'exprimer les sentiments d'admiration et de reconnaissance qu'il m'inspire que je le suis d'exprimer la dévotion respectueuse avec laquelle je suis. etc.

ADDITIONS A INSÉRER DANS LA LETTRE DU QUINZE-VINGT, DU 22 MARS 1736.

1o Avant que de parler de l'uniformité de la source et du but de la morale prétendue chrétienne et païenne, j'eusse pu faire une réflexion sur ce qui avait été dit des passions.

Les passions ne sauraient que détruire la société; cela me paraît parfaitement bien dit. Je voudrais seulement que pour rendre cette thèse incontestable, il me fût permis d'y ajouter encore une réflexion qui paraîtra peut-être paradoxe au premier abord, mais qui paraîtra très-sage, si on la considère sans prévention.

Les passions deviennent le lien le plus fort de la société, et contribuent principalement à la conserver, dès que la raison les guide. La raison en est que, à bien examiner nos vertus morales les plus brillantes, elles ne sont que des effets de ces passions dirigées par la raison.

Ces thèses pourraient se démontrer mathématiquement. Mais ce n'est pas ici qu'elles doivent l'être. Il me suffira de les rendre sensibles par un exemple, ou, pour mieux dire, par un raisonnement sur une de nos passions le plus difficilement à dompter.

Ce raisonnement, qui est un fragment d'instructions confidentes qu'une dame de ce pays-ci, morte il y a une vingtaine d'années, donna à un jeune homme de ses parents lorsque, à l'âge de dix-huit ans, il fut envoyé aux universités, ne saurait être au goût de ceux qui confondent la raison et la révélation, en mesurant la morale à l'aune de la religion chrétienne. Mais, ayant posé pour principe que celle-ci n'influe sur la morale qu'accidentellement, je crois que cet échantillon, sans paraître tout à fait conforme aux règles ordinaires