<361>trême précision dont ils se piquent en théorie. Du moins ce retard aura cela de bon que la lettre de l'académicien et celle de son facteur arriveront aux pieds de V. M. dans un moment de repos, après tous les grands travaux militaires de cette année, qui maintiennent la réputation des armes prussiennes, et en augmentent l'éclat d'année en année; car ce qu'on vient de dire de la revue de Silésie, je l'ai ouï dire tous les ans, qu'on n'a jamais rien vu de plus brillant et de plus imposant, et on le répétera tous les ans de même. Seulement, Sire, du train dont cela va, V. M. n'aura pas seulement les corps de ses armées à passer en revue, mais aussi des corps entiers d'officiers étrangers qui accourent de toutes les parties de l'Europe pour admirer le Nestor d'entre les monarques, qui, sous le poids des lauriers et des années, conserve et déploie la vigueur d'Achille.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

23. AU BARON DE GRIMM.

Potsdam, 24 octobre 1785.

Je vous suis fort obligé de la lettre de M. de Condorcet que vous m'avez fait parvenir. Voici la réponse; vous voudrez bien la lui faire tenir également. Je n'ai guère pu jouir de l'apparition de quelques Français dans ce pays-ci, entre autres, de M. de La Fayette.a J'ai passé quatre semaines dans la compagnie de la goutte plus désagréablement que dans celle de ces messieurs. Je félicite M. de la Grimmalière de l'augmentation que l'impératrice de Russie fait dans ses troupes, parce que la suite naturelle de ce changement sera sans doute de vous avancer d'un grade, et


a Le marquis de La Fayette rendit ses devoirs au Roi, à Sans-Souci, le 1er août 1785, et après avoir assisté aux grandes manœuvres qui eurent lieu à Gross-Tinz en Silésie, du 22 au 25 août, il retourna à Berlin et à Potsdam, pour y assister de même, du 21 au 23 septembre, aux manœuvres, dirigées cette fois par le Prince de Prusse, Frédéric étant tombé malade. Le marquis de La Fayette retourna dans son pays au commencement d'octobre.