<258>nous sont échus, et souvenons-nous qu'apprendre à connaître est souvent apprendre à douter.b Mais je ne m'aperçois pas que ma lettre s'adresse à un des plus grands philosophes de notre siècle, qui a scruté tous les secrets de la nature, et qu'un ignorant de mon acabit devrait s'énoncer vis-à-vis de lui avec plus de retenue. Vous voyez, mon cher d'Alembert, combien le caractère de souverain rend ceux qui le portent impertinents et avantageux. Philippe de Macédoine aurait été plus sage; il n'aurait point endoctriné Socrate, s'il avait été son contemporain; il se serait instruit dans la conversation de ce philosophe. J'en veux faire autant; je me borne à vous entendre, à vous lire, et je me renfermerai dans la modestie qui convient à mon ignorance. Je me contente de faire mille vœux pour votre conservation.

Sur ce, etc.


b Voyez t. X, p. 109.