<231>versité de Paris, non pour être lu, mais comme un hommage de leur profond respect et de leur vive reconnaissance.

258. A D'ALEMBERT.

Le 5 juillet 1782.

Je vous avoue que, après avoir bien étudié les opinions des stoïciens, il m'a paru qu'ils avaient trop exalté la nature humaine. Leur amour-propre leur persuada que chacun possédait en soi une parcelle de l'âme de la nature, et que cette parcelle pouvait atteindre aux perfections de la Divinité, à laquelle elle se rejoignait après la mort de celui qu'elle avait animé. Ce système est beau et sublime; il n'y manque que la vérité. Cependant il y a de la noblesse à s'élever au-dessus des événements fâcheux auxquels nous sommes assujettis, et un stoïcisme qui n'est pas outré est l'unique ressource des malheureux. Toutefois il ne faut pas nous bouffir d'une idée de perfection à laquelle nous ne saurions atteindre, ni nous composer une généalogie imaginaire qui, loin de nous anoblir, nous dégrade, parce que, en considérant la turpitude et les crimes de notre espèce, il y aurait plus de vraisemblance à nous croire descendus d'êtres malfaisants (supposé qu'il en existe) que d'un être dont la nature même doit être la bonté. Mais dès que la goutte, la pierre ou le taureau de Phalaris s'en mêlent, les cris aigus qui échappent au souffrant attestent que la douleur est un mal très-réel. J'espère que votre vessie ne vous mettra plus dans le cas de donner un démenti aux stoïciens. Mon âme m'a appris, par l'expérience, qu'elle est la très-humble servante de mon corps. Aussi souvent qu'il souffre, elle est très-mal à son aise, tant ses facultés intellectuelles sont assujetties à la mécanique de notre organisation.

Quel saut des stoïciens au saint-père! Mais puisqu'il est fait, je poursuis. Ce pauvre prêtre a démenti son infaillibilité par son voyage de Vienne; il s'est exposé à recevoir un refus auquel il