<151>mourir, de l'estime qu'il a eue pour vous et pour votre génie. Sur ce, etc.

219. DE D'ALEMBERT.

Paris, 8 juin 1780.



Sire,

J'écris à M. de Catt le malheureux et ennuyeux détail de ma situation physique et morale; il en rendra compte à V. M., et ne lui exprimera pas aussi vivement que je la sens ma profonde douleur de ne pouvoir aller mettre à ses pieds tous les sentiments que je lui dois, et que je lui ai voués jusqu'à la mort. Quoique mes peines de corps et d'esprit ne soient pas aussi grandes que celles que V. M. a tant de fois essuyées, et auxquelles elle a résisté avec un courage et une patience si héroïques, j'aurais pourtant besoin, Sire, avec ma faible et frêle machine, d'une partie au moins de ce courage, étant accablé de tristesse de ne pouvoir en ce moment faire un voyage que je désire en ce moment plus que jamais, et qui serait plus que jamais nécessaire à mon âme abattue et flétrie. Il faut avec douleur se soumettre à sa destinée, et ajouter ce nouveau chagrin à ceux que j'ai déjà éprouvés plus d'une fois dans ce meilleur des mondes possibles. Pourquoi faut-il que je sois privé par une indisposition douloureuse et dangereuse de la douce consolation d'aller porter à V. M. non seulement ma tendre vénération, ma reconnaissance profonde et mon admiration plus vive que jamais, mais l'attachement et le respect que toute la France a pour elle, et dont je voudrais qu'elle pût être témoin? Ces sentiments, Sire, augmenteront encore, si l'on apprend ici que V. M. ait fait rendre les honneurs funèbres au grand homme à qui nos prêtres les ont si indignement refusés. Il est bien étrange que notre gouvernement ait souffert cette infamie, et qu'on laisse à ces fanatiques la licence de flétrir, autant qu'il est en eux, la mémoire des hommes qui ont le plus illustré la nation. Je me flatte, d'après