<147>la plus piquante et la plus vraie; ses conversations avec le docteur de Sorbonne dont elle a appris la théologie mériteraient bien d'être lues à la sacrée faculté. Je suis seulement étonné que V. M., qui a dans la tête de si grandes et de si excellentes choses, et en si grand nombre, y trouve encore de la place pour loger les billevesées sorboniques. J'espère qu'elles nous vaudront quelque nouveau commentaire sur Cendrillon ou sur la Belle au bois dormant.

En attendant ce nouveau commentaire, approuvé par la sainte inquisition, comme il ne peut manquer de l'être, je ne puis trop conjurer V. M. de faire rendre aux mânes de Voltaire, dans l'église catholique de Berlin, les honneurs funèbres que les Velches s'obstinent à lui refuser. Je sais que par tout pays la séquelle sacerdotale de toutes les religions le regarde comme un athée, que cependant il n'était pas; mais je sais aussi que par tout pays la séquelle sacerdotale est faite pour obéir à des princes tels que vous, surtout quand ils ne demanderont qu'une chose juste et conforme à tout ce que les docteurs appellent canons de l'Église. Il suffira, pour mettre là-dessus leur conscience en repos, que V. M. leur mette sous les yeux les papiers que je joins à cette lettre; ils sont signés et certifiés vrais de deux neveux de M. de Voltaire, dont l'un, qui est M. l'abbé Mignot, est conseiller au grand conseil, et l'autre, qui est M. d'Hornoy, est conseiller au parlement, et l'un et l'autre très-considérés dans leurs compagnies. Vos prêtres catholiques verront dans la première pièce, no 1, le détail de tout ce qui s'est passé dans la dernière maladie de ce grand homme, et la preuve de l'injustice qu'on a commise, d'après les règles reçues, en lui refusant la sépulture à Paris et un service funèbre. J'ose me flatter que si V. M., qui n'a pas le temps d'entrer dans ces détails, veut charger un homme raisonnable de lire et d'examiner ces papiers, il conviendra, quelque bon catholique qu'il puisse être, que les prêtres de l'Église romaine ne peuvent refuser ce service. V. M. comblerait de joie, par cette nouvelle marque d'honneur rendue à la mémoire de Voltaire, tous les amis et admirateurs de ce grand homme, et j'en serais pénétré, en particulier, de la plus vive reconnaissance. Je dois ajouter que les neveux de M. de Voltaire, de qui je tiens