<89>fanfaronnade de cet ancien philosophea qui s'écriait en faisant la grimace : Douleur, tu as beau faire, je ne confesserai jamais que tu sois un mal! Il est bien plus vrai, et par conséquent plus philosophique, de dire comme V. M. : Je me résigne, et je porte mon mal en patience. Avec cela, Sire, vous n'êtes point tant à plaindre. Puissiez-vous cependant n'avoir pas trop d'occasions de mettre en usage cette heureuse et louable fermeté! Faites cultiver des jardins et des esprits, et goûtez-en longtemps les productions agréables. Pour moi, Sire, je me proposerai toujours votre amitié comme le plus précieux fruit des sentiments sincères et de la haute considération avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc.

45. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Potsdam, 22 juillet 1765.



Madame ma sœur,

Les félicitations, les condoléances, enfin tout ce qui me vient de V. A. R. m'est toujours cher et précieux, puisque c'est une marque, madame, d'un moment de souvenir dont vous m'honorez; je bénirai, à ce prix, les maux que j'ai soufferts, et que je puis souffrir encore. Mais, madame, pour vous parler d'autre chose que de goutte et d'infirmités, je dirai à V. A. R. que nous sommes heureusement au bout des fêtes auxquelles le mariage de mon neveu a donné occasion. Nous avons eu l'opéra d'Achille in Sciroe,a qui, me semble, a fort bien réussi, et dont le sujet est fort convenable; la musique m'en a semblé bonne. Le public a surtout paru très-content d'un nouvel acteur qui nous est venu de Munich; il se nomme Concialini, et je crois que V. A. R. l'aura peut-être entendu; il a une très-belle voix de soprano et une très-


a Posidonius de Rhodes. Voyez t. XIX, p. 108 et 109, et t. XXIII, p. 177.

a Cet opéra, dont Agricola avait fait la musique, fut représenté pour la première fois le 16 juillet 1765.