<577>entière de Virgile de sa façon; il en a déjà traduit le quatrième livre, qui m'a paru très-beau. La superstition aura beau faire, les gens de lettres sont comme les fourmis, qui réparent leur habitation quand on l'a détruite.

On m'a assuré qu'on trouvait aux Deux-Ponts le poëme du Bonheur, de M. Helvétius, et qu'il y a une très-belle préface à la tête, dont j'ignore l'auteur. On m'assure aussi qu'on imprime actuellement un autre ouvrage en prose, et beaucoup plus considérable, du même M. Helvétius. J'en ignore jusqu'au titre, mais c'est, dit-on, une espèce de supplément au livre de l'Esprit.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

P. S. Je prends la liberté, Sire, de joindre à ce long et ennuyeux verbiage en prose un portraita qu'on vient de graver ici, et au bas duquel on a mis des vers que ma muse géométrique a osé faire pour V. M., à qui je crois que ces mauvais vers sont déjà connus. Ce portrait, Sire, m'est précieux, en ce qu'il sera un monument des sentiments que j'ai voués depuis si longtemps à V. M. Je voudrais que ces vers fussent meilleurs, mais cependant j'oserai dire avec Despréaux,b dans un sujet bien différent :

Non, non, sur ce sujet pour écrire avec grâce,
Il ne faut point monter au sommet du Parnasse;
Et sans aller rêver dans le double vallon,
Le sentiment suffit, et vaut un Apollon.


a Ce portrait, petit in-8, gravé par M. B. (Marie-Louise-Adélaïde Boizot, née à Paris en 1748), et publié à Paris, chez Massard, a pour légende les mots : Frédéric II, roi de Prusse et électeur de Brandebourg, né le 24 janvier 1712. On lit au bas les vers suivants :
     

Modeste sur un trône orné par la Victoire,
Il sut apprécier et mériter la gloire;
Héros dans ses malheurs, prompt à les réparer,
De Mars et d'Apollon déployant le génie,
Il vit l'Europe réunie
Pour le combattre et l'admirer.

d'Alembert.

b Boileau dit dans sa

première Satire

, vers 141-144 :

Non, non, sur ce sujet pour écrire avec grâce,
Il ne faut point monter au sommet du Parnasse :
Et sans aller rêver dans le double vallon,
La colère suffit, et vaut un Apollon.