<553>madame, où vous a-t-on tué? Et sur le pays qu'il vous nommera, jugez de la vérité du fait. Si l'on vous parle de la Judée, vous savez que c'était l'usage; si l'on vous nomme mon pays, doutez; si c'est la Russie, n'en croyez rien. Voilà vraiment une belle dissertation, digne de l'Académie des belles-lettres et inscriptions.

A propos, comme j'ai vu quelques ouvrages où la louange des Français n'est pas épargnée, faits par des auteurs qui postulaient une place à l'Académie française, et qui l'ont obtenue, je me suis avisé de me mettre sur les rangs; et pour devenir un de vos quarante babillards, je me suis proposé de faire l'apologie de quelques-unes des campagnes de vos généraux dans la dernière guerre. L'ouvrage sera bientôt fait; je le dédie à la fatuité nationale, et par ce moyen je compte dans peu devenir votre confrère. En voilà assez pour cette fois; si vous voulez me faire bavarder davantage, c'est à vous à m'y provoquer par une nouvelle lettre. Sur ce, etc.

108. DE D'ALEMBERT.

Paris, 2 janvier 1772.



Sire,

Je crains que Votre Majesté ne me prenne tout au moins pour un procureur, ou pour quelque chose de pis, de prendre la liberté de lui envoyer tant de papiers joints à cette lettre. Mais avant d'exposer à V. M. l'objet de ces papiers, je dois commencer par un objet qui m'intéresse davantage sans comparaison; ce sont, Sire, les très-humbles remercîments que je dois à V. M. des vers charmants qu'elle m'a fait l'honneur de m'envoyer, et du plaisir extrême que m'a fait la lecture de ces vers. L'Épître à Sa Majesté la reine de Suède est pleine de philosophie, de sensibilité, et cependant de force contre les détracteurs des rois,a


a Voyez t. XIII, p. 86-88.