<45>avec les Radziwill, et que c'est pour soutenir le parti des Czartoryski que ses troupes sont entrées en Pologne. Voilà des faits certains. Tout ce que je pourrais dire de plus se réduirait à de vaines conjectures et à des propos vagues. Cependant V. A. R. est assez éclairée pour juger, par le peu que je viens de lui dire, du tort considérable que la conduite du Roi son beau-père lui fait en tout ce qui s'est passé en Courlande. Pour l'avenir, il est interdit aux hommes. Si je savais exalter mon âmeb ou prophétiser, je voudrais, primo, ne point être prophète de malheur; je ne voudrais point me cacher avec Jonas derrière un arbre pour voir la ruine de Ninive,c mais annoncer à tous ceux qui m'interrogeraient un avenir agréable, et ce qui pourrait leur faire le plus de plaisir. Mais, à moins de ces conditions, je renonce à toute divination, à toute prophétie, à toute charlatanerie politique et mystique, et m'en tiens à des vérités évidentes, comme la haute considération et les sentiments d'estime et d'admiration avec lesquels je suis, etc.

6. DE LA PRINCESSE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 28 août 1763.



Sire,

Je demande mille pardons à Votre Majesté de n'avoir pas répondu sur-le-champ à sa chère lettre. Je me flatte que son envoyé lui en aura fait mes excuses. Quoique nous n'ayons pas des occupations bien sérieuses, nos journées sont si remplies par différents exercices et spectacles, qu'on n'a presque pas un moment à soi, ce qui est plus fatigant qu'amusant. V. M. saura que nous avons représenté la Thalestris mercredi passé. Si j'eusse osé former un désir, c'eût été de l'avoir pour spectateur, comptant toutefois sur son indulgence, dont nous aurions bien eu besoin.


b Voyez t. XXIII, p. 9.

c Le prophète Jonas, chap. IV, v. 5.