<343>d'un passage plus difficile encore de Tacite (Annales, XIV, 53 et 54), avec la lettre suivante :

Sans-Souci, 8 novembre 1780.

Ne suis-je pas trop hardi, Sire, de présenter encore à Votre Majesté un petit essai de traduction d'un passage des Annales de Tacite? C'est la harangue par laquelle Sénèque essaye de rendre ses biens à Néron. J'ai tâché d'en faire une traduction aussi pure et aussi serrée que possible, d'après l'original latin. J'y ai comparé ensuite la traduction d'Amelot de la Houssaye, qui me paraît être une paraphrase entièrement francisée, sans que le traducteur ait partout compris le véritable sens du latin. Il est sûr, et je m'en aperçois encore plus par les observations très-justes que V. M. a daigné me faire lire, que la langue allemande a encore grand besoin d'être épurée et enrichie; et je suis persuadé que les règles que V. M. lui prépare contribueront plus que toute autre chose à former cette langue, et à encourager la nation d'y travailler.

[Frédéric à M. de Hertzberg, (Sans-Souci, 8 novembre 1780)]

Le Roi répondit, un quart d'heure après, par le billet suivant :

Voilà du bon allemand, et un des meilleurs morceaux que j'aie vus jusqu'ici; mais, pardonnez à ma critique peut-être trop sévère, je n'aime point le Beispiel dans votre phrase; il faut le mot d'Exempel. Il est sûr que si des gens de votre capacité et de votre savoir se mêlaient de former la langue allemande, ils y réussiraient indubitablement. Je vous remercie, en attendant, de la pièce que vous avez bien voulu me communiquer.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Sans-Souci, 9 novembre 1780]

M. le comte de Hertzberg essaya encore, pendant son séjour de Sans-Souci, de faire lire au Roi un petit ouvrage allemand de M. Nicolai, Du Beau (Vom Schönen),a et le lui présenta par la lettre suivante :


a Ludwig Heinrich Nicolai, Das Schöne, eine Erzählung, Berlin, bei Fr. Nicolai, 1780.