<326>C'est en faisant des vœux pour la précieuse conservation des jours de V. A. R. que je la prie de me croire avec la plus haute considération, etc.

224. A LA MÊME.

(Potsdam) 23 septembre 1779.



Madame ma sœur,

Il semble que les choses les plus difficiles deviennent aisées lorsque le nom de la divine Antonia s'y trouve intéressé. Les derniers troubles de l'Allemagne ont eu pour cause les prétentions d'une grande princesse à un héritage litigieux. Pourquoi nos bons Germains le céderaient-ils aux Grecs? Agamemnon, à leur tête, assiégea pendant dix années Troie pour rendre à Ménélas la belle Hélène; l'obstination de Priam à ne pas vouloir rendre cette princesse fit répandre beaucoup de sang, en prolongeant la guerre. La modération et l'équité de l'Impératrice-Reine a terminé la nôtre plus promptement, en rendant à chacun ce qui lui était dû; et c'est un bel exemple que la grande Thérèse fournit à la postérité, pour lui faire connaître que la vertu, dans notre siècle, avait établi son siége sur le premier des trônes de l'Europe; car je crois que V. A. R. pense comme moi que, pour que la gloire soit pure, il faut qu'elle soit inséparable de la justice et de l'équité. L'histoire ne nous fournit malheureusement qu'une longue narration des crimes différents que les hommes ont commis; il faut au moins que de loin en loin on aperçoive quelques traits de magnanimité et de grandeur d'âme pour ne pas croire que le genre humain n'est qu'un ramas de bêtes féroces, incapables de mœurs ou d'humanité.

Il paraît que V. A. R. craint que Neptune, de son trident, ne parvienne à ébranler la terre; mais j'ose croire, madame, que de tels événements ne sont pas à appréhender, parce que les anciennes modes sont passées d'usage. Autrefois nos bons Germains