<324>Puissiez-vous jouir longtemps d'un bonheur si pur! Le ciel vous doit au monde, et après tout ce que j'entends du bon état de votre santé, nous osons nous flatter que nos vœux ne seront pas frustrés.

J'ai ri aux larmes de ce que V. M. me dit au sujet de la princesse de Gallean; rien ne serait plus bizarre que les sentiments qu'on attribue à l'Électeur palatin. S'il a eu un moment d'humeur, j'espère pour lui qu'il n'aura pas duré. Mais, quels que soient ses sentiments, mon dessein n'a jamais été de compromettre V. M. avec la cour palatine. La princesse de Gallean m'avait tant dit qu'elle désirait le bonheur d'être connue du plus grand des monarques, sans autre intérêt que celui d'oser dire : Frédéric me connaît, qu'à la fin je n'ai pu la refuser; mais elle m'a bien promis de ne pas importuner V. M. par des prières, et ce n'est qu'à cette condition que je me suis rendue.

J'ai chargé le comte de Zinzendorff, qui aura l'honneur de vous présenter cette lettre, de vous renouveler de bouche l'hommage de la haute estime et de l'admiration infinie avec laquelle je suis, etc.

223. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Potsdam, 29 juin 1779.



Madame ma sœur,

Si Votre Altesse Royale entreprend de tourner la tête à un pauvre vieillard qui frise le radotage, je crains bien qu'elle n'en vienne à bout. Qui peut résister, madame, aux choses obligeantes que vous daignez me dire? Ce serait un crime de lèse-majesté de soupçonner que par bonté elle donne dans l'hyperbole; une grande princesse est au-dessus de tout, et doit être vénérée; chez les Romains, les impératrices devenaient toutes déesses, et une fille d'impératrice est déjà née telle. Mais, ma-