<314>qui me guide, et je m'abandonne à mon sort. Le confesseur de V. A. R., qui est thomiste, condamnera peut-être mes opinions comme approchant trop de celles de saint Augustin; mais je me flatte que V. A. R., plus indulgente, tolérera ma doctrine, et ne la jugera pas avec une rigueur théologique.

Vous avez daigné, madame, m'adresser un mémoire d'un comte Cassoti pour l'envoyer à Saint-Pétersbourg. Je crains que le susdit comte n'ait pas bien choisi le moment; à présent qu'il s'agit de régler si Guéraï sera kan des Tartares, ou si ce sera un autre, il ne paraît pas probable qu'on charge cette négociation de nouveaux incidents en faveur d'un comte dont le nom est totalement ignoré en Russie. Mais, en cas que cela en vînt à la guerre, M. le comte pourrait former une escadre, se déclarer l'allié des Russes, et se mettre lui-même en possession des fiefs qu'il revendique. Ce sera peut-être le moyen de rendre son nom fameux en se signalant sur mer comme les Morosini et d'autres fameux amiraux que l'Italie a portés.

Permettez-moi, madame, de vous assurer encore de la considération, de l'attachement et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.

215. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 21 décembre 1778.



Sire,

Je ne saurais assez remercier Votre Majesté de la condescendance avec laquelle vous voulez bien recevoir mes lettres, et des nouvelles assurances que vous m'en donnez dans la dernière que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. J'en ai toujours un besoin extrême quand je songe que c'est à Frédéric que je réponds. Mais, malgré la confiance que vos bontés m'inspirent, j'ai dû jusqu'ici respecter des moments remplis par des travaux illustres. Aujourd'hui que les quartiers d'hiver vous laissent un peu plus de loisir,