<295>pas jouir les anciens. Ceci met chaque individu en état d'étendre la sphère de ses connaissances sur tous les objets dignes d'attention que contient l'Europe entière. Les Grecs se bornaient à leur continent; et comme c'était le premier pays policé du monde, il faut convenir que le reste des peuples abrutis ne méritait guère d'attirer leur attention, jusqu'au temps que la république romaine, en marchant sur leurs traces, prit une forme régulière. Quoique l'invention ou la découverte de la poudre ait totalement changé la façon de faire la guerre, il n'en est pas moins, dans la tactique des Grecs, des choses qui méritent nos réflexions, et qui peuvent encore servir d'exemple. Si l'Europe ne fournit pas des orateurs de la force de Périclès et de Démosthène, c'est que nous n'avons que des monarchies et des républiques aristocratiques. Ce n'est que dans les gouvernements démocratiques que le talent de la parole peut briller; par son moyen, l'orateur s'attire de la considération, et parvient aux dignités; et, sans les aiguillons de la gloire, madame, les plus sublimes talents demeurent stériles. V. A. R. juge très-bien que la politique européenne est infiniment plus compliquée que celle des Grecs; la machine est plus vaste, et les ressorts plus compliqués. Cependant ce n'est que depuis le siècle de Charles-Quint que les souverains ont commencé d'admettre ces liens qui unissent les nations, et ces alliances par lesquelles les partis se divisent et se contre-balancent. Depuis sont venues ces prodigieuses armées qui, à la vérité, ne conservent pas toujours la tranquillité des peuples, mais qui du moins abrégent la durée des guerres et des dévastations par les sommes immenses qu'elles coûtent, et dont la dépense absorbe les ressources des plus puissants empires. La différence des flottes nombreuses actuellement entretenues surpasse également tout que l'on trouve sur ce sujet dans l'histoire ancienne; aussi leurs vaisseaux ne seraient que des barques, comparés aux flottes anglaises ou françaises. Je ne sais s'il y aura des coups de canon de tirés dans les vastes régions de l'Océan; j'ose cependant me flatter que le règne de la discorde se bornera sur les flots d'Amphitrite, et ne se communiquera pas à notre continent. V. A. R. et son serviteur pourront se livrer tranquillement à soutenir le goût épuré de la bonne